Carbon, Classic ou Cocoa ?
L'arrivée du PowerPC avait déjà apporté les "68k", 
"ppc" et "fat", qui désignaient respectivement les logiciels 
compatibles avec les anciennes machines, les nouveaux Power 
Macintosh ou les deux. Cette classification des applications, 
maintenant presque oubliée, fait place à une autre différenciation 
bien spécifique à Mac OS X.
Trois approches pour deux systèmes
Chaque fois qu'il se 
passe quelque chose sous Mac OS, le système sollicite la ToolBox, 
sorte de bibliothèque d'éléments logiciels en tous genres 
(graphiques, système, réseau, etc.) où il puise les éléments 
dont il a besoin. Alourdie au fil des ans, elle a été simplifiée au cours
du développement de Mac OS X pour devenir la bibliothèque Carbon. Dans 
notre bon vieux Mac OS 9, on la retrouve sous le nom de CarbonLib, 
une Extension mise à jour régulièrement.
Commune à Mac OS 8, 9 et X, la technologie Carbon permet la 
création d'applications mixtes, capables de tourner sous n'importe 
lequel de ces systèmes. Les deux premiers doivent simplement être 
dotés de la fameuse Extension. Les plus répandues parmi les autres 
applications sont dites de type "Classic", et tournent sous l'ancien 
Mac OS ou dans l'environnement Classic de Mac OS X. Enfin, les 
applications natives pour Mac OS X, appelées "Cocoa", fonctionnent 
exclusivement sur le nouveau système. 
Les technologies Carbon et Cocoa ont beau être concurrentes, il 
est peu probable que l'une supplante l'autre. La technologie Cocoa, 
liée aux outils de développement spécifiques au système entièrement 
orienté objet qu'est Mac OS X, permet de créer ou de mettre à jour 
très rapidement des applications complexes et des sites Web 
dynamiques. Sur la fin de la période NeXT, cet environnement de 
développement était particulièrement brillant pour le développement 
d'applications client-serveur de grande envergure. En revanche, les 
applications Cocoa s'avèrent souvent plus lentes que leurs 
équivalentes en Carbon, plus optimisées, mais plus gourmandes en 
temps de développement et de maintenance.
Bien choisir son environnement
C'est donc en termes 
d'organisation du développement qu'il va falloir penser. Pour les 
quelques sociétés qui avaient commencé une carrière discrète avec 
NEXTSTEP, ancêtre de Mac OS X, la question ne se pose pas : Cocoa 
apporte des gains de productivité énormes, tant en matière de 
développement que de maintenance logicielle. Et plus l'interface 
"pèse" dans le développement, plus ces gains sont importants. Le 
portage sous OS X d'applications pour NEXTSTEP ou OPENSTEP, sans 
être trivial, a permis à des sociétés comme OmniGroup ou Stone 
Design de ressortir rapidement leur catalogue d'applications.
à l'inverse, d'autres sociétés n'ont ni les délais, ni les 
budgets nécessaires pour absorber l'inévitable temps mort lié au 
changement de technologie. Celles-là continueront sans doute un 
moment à developper sous Classic. Avant d'enterrer ce dernier 
environnement, il faut se rappeler qu'il reste le plus utilisé sur 
la planète pour la prépresse et les graphiques. Quant à sa 
stabilité, elle s'avère dans bien des cas moins discutables que 
celle de notre ancien système natif.
Dans un premier temps, c'est donc le compromis Carbon qui sera le 
plus adopté, et ce pour deux raisons. La base installée, tout 
d'abord. Quelles que soient les raisons (machine inadaptée, crainte 
de la nouveauté, difficulté d'adaptation, applications spécialisées, 
simplicité, etc.), beaucoup de gens travailleront encore longtemps 
sous OS 9. Pour ceux-là, Carbon est la porte d'entrée dans le monde 
OS X. Ils peuvent utiliser sous leur bon vieux Mac OS des 
applications déjà adaptées au système qu'ils finiront forcément par 
adopter. Autre raison : le patrimoine des développeurs. La 
différence d'organisation du processus de développement est telle 
entre les applications Carbon (développement classique) et Cocoa 
(programmation orientée objet, OOP en anglais) qu'il est souvent 
plus rapide de reprendre une application à zéro ou presque que de la 
porter d'une technologie à l'autre.
Ceux dont le choix compte
Pour les grands noms de Mac 
OS que nous attendons tous, c'est donc Carbon qui sera choisi. 
Simplifiées, nettoyées, renouvelées, les applications bénéficieront 
à la fois des avantages d'OS X et de l'immense base installée OS 9, 
avec une vitesse optimisée. De quoi assurer la transition vers le 
tout-OS-X. Seule ombre à ce tableau idyllique : cette conversion a 
un coût, très élevé dans le cas de grosses applications. Témoin 
Office X, très attendu, mais qui réclame un budget important. On 
peut espérer qu'Adobe, intéressé depuis longtemps au développement 
objet (Illustrator a été en son temps une des applications phares 
sur NeXT), aura absorbé avec plus d'efficacité les coûts de portage. 
OS X semble déjà largement adopté ou au moins accepté, 
les éditeurs semblent décidés à franchir le pas,
les développeurs indépendants (shareware et logiciel libre) poussent à
la roue, mais le succès final du portefeuille d'applications pour OS X se trouve en
grande partie au fond de nos propres poches.