Charbon ou cacao ?
Par Erwan Barret [29.11.2001]

Carbon, Classic ou Cocoa ?
L'arrivée du PowerPC avait déjà apporté les "68k", "ppc" et "fat", qui désignaient respectivement les logiciels compatibles avec les anciennes machines, les nouveaux Power Macintosh ou les deux. Cette classification des applications, maintenant presque oubliée, fait place à une autre différenciation bien spécifique à Mac OS X.

Trois approches pour deux systèmes
Chaque fois qu'il se passe quelque chose sous Mac OS, le système sollicite la ToolBox, sorte de bibliothèque d'éléments logiciels en tous genres (graphiques, système, réseau, etc.) où il puise les éléments dont il a besoin. Alourdie au fil des ans, elle a été simplifiée au cours du développement de Mac OS X pour devenir la bibliothèque Carbon. Dans notre bon vieux Mac OS 9, on la retrouve sous le nom de CarbonLib, une Extension mise à jour régulièrement.

Commune à Mac OS 8, 9 et X, la technologie Carbon permet la création d'applications mixtes, capables de tourner sous n'importe lequel de ces systèmes. Les deux premiers doivent simplement être dotés de la fameuse Extension. Les plus répandues parmi les autres applications sont dites de type "Classic", et tournent sous l'ancien Mac OS ou dans l'environnement Classic de Mac OS X. Enfin, les applications natives pour Mac OS X, appelées "Cocoa", fonctionnent exclusivement sur le nouveau système.

Les technologies Carbon et Cocoa ont beau être concurrentes, il est peu probable que l'une supplante l'autre. La technologie Cocoa, liée aux outils de développement spécifiques au système entièrement orienté objet qu'est Mac OS X, permet de créer ou de mettre à jour très rapidement des applications complexes et des sites Web dynamiques. Sur la fin de la période NeXT, cet environnement de développement était particulièrement brillant pour le développement d'applications client-serveur de grande envergure. En revanche, les applications Cocoa s'avèrent souvent plus lentes que leurs équivalentes en Carbon, plus optimisées, mais plus gourmandes en temps de développement et de maintenance.

Bien choisir son environnement
C'est donc en termes d'organisation du développement qu'il va falloir penser. Pour les quelques sociétés qui avaient commencé une carrière discrète avec NEXTSTEP, ancêtre de Mac OS X, la question ne se pose pas : Cocoa apporte des gains de productivité énormes, tant en matière de développement que de maintenance logicielle. Et plus l'interface "pèse" dans le développement, plus ces gains sont importants. Le portage sous OS X d'applications pour NEXTSTEP ou OPENSTEP, sans être trivial, a permis à des sociétés comme OmniGroup ou Stone Design de ressortir rapidement leur catalogue d'applications.

à l'inverse, d'autres sociétés n'ont ni les délais, ni les budgets nécessaires pour absorber l'inévitable temps mort lié au changement de technologie. Celles-là continueront sans doute un moment à developper sous Classic. Avant d'enterrer ce dernier environnement, il faut se rappeler qu'il reste le plus utilisé sur la planète pour la prépresse et les graphiques. Quant à sa stabilité, elle s'avère dans bien des cas moins discutables que celle de notre ancien système natif.

Dans un premier temps, c'est donc le compromis Carbon qui sera le plus adopté, et ce pour deux raisons. La base installée, tout d'abord. Quelles que soient les raisons (machine inadaptée, crainte de la nouveauté, difficulté d'adaptation, applications spécialisées, simplicité, etc.), beaucoup de gens travailleront encore longtemps sous OS 9. Pour ceux-là, Carbon est la porte d'entrée dans le monde OS X. Ils peuvent utiliser sous leur bon vieux Mac OS des applications déjà adaptées au système qu'ils finiront forcément par adopter. Autre raison : le patrimoine des développeurs. La différence d'organisation du processus de développement est telle entre les applications Carbon (développement classique) et Cocoa (programmation orientée objet, OOP en anglais) qu'il est souvent plus rapide de reprendre une application à zéro ou presque que de la porter d'une technologie à l'autre.

Ceux dont le choix compte
Pour les grands noms de Mac OS que nous attendons tous, c'est donc Carbon qui sera choisi. Simplifiées, nettoyées, renouvelées, les applications bénéficieront à la fois des avantages d'OS X et de l'immense base installée OS 9, avec une vitesse optimisée. De quoi assurer la transition vers le tout-OS-X. Seule ombre à ce tableau idyllique : cette conversion a un coût, très élevé dans le cas de grosses applications. Témoin Office X, très attendu, mais qui réclame un budget important. On peut espérer qu'Adobe, intéressé depuis longtemps au développement objet (Illustrator a été en son temps une des applications phares sur NeXT), aura absorbé avec plus d'efficacité les coûts de portage. OS X semble déjà largement adopté ou au moins accepté, les éditeurs semblent décidés à franchir le pas, les développeurs indépendants (shareware et logiciel libre) poussent à la roue, mais le succès final du portefeuille d'applications pour OS X se trouve en grande partie au fond de nos propres poches.

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